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Gaza à l’Egypte: nous ne sommes pas des terroristes

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Officiellement, Gaza et l’Egypte sont des frères arabes, mais dans les faits, l’ambiance est plutôt glaciale.
L’armée égyptienne dit livrer une guerre contre le terrorisme dans toute l’Egypte et principalement dans la péninsule du Sinaï, et encore plus au Nord-Ouest de celle-ci, à la frontière avec Israël et la bande de Gaza. Elle accuse à demi-mot le Hamas soit de soutenir les fauteurs de trouble dans la péninsule, soit de ne pas assez leur serrer la vis à Gaza et de n’avoir pas assez surveillé la frontière, de telle sorte qu’ils sont passés dans le Sinaï. Sans parler de l’hostilité idéologique vis-à-vis du « mouvement de la résistance islamique » (Hamas), considérés comme la version palestinienne des Frères musulmans égyptiens. L’Egypte a déclaré groupe terroriste l’organisation des Frères musulmans en décembre dernier. Le 4 mars dernier, la justice égyptienne a interdit toute activité du mouvement sur le territoire et a ordonné le gel de ses avoirs.

Depuis le renversement l’été dernier de Mohamed Morsi de son poste de président, un an après son élection, les relations de l’Egypte avec la bande de Gaza, dirigée par le Hamas, se sont tendues. Le point de passage de Rafah est presque continuellement fermé. Les tunnels illégaux sous la frontière qui approvisionnaient le territoire enclavé en biens de consommation, médicaments, matériaux de construction (et autres marchandises plus contestables comme des armes), ont été en très grande partie détruits et rendus inutilisables par les opérations de l’armée égyptienne de ces derniers mois.

Le porte-parole du Ministre des Affaires étrangères, Badr AbdelAtty, estime qu’il s’agit d’une décision purement judiciaire, sur laquelle l’exécutif n’a aucune prise.
Du côté de l’opposition égyptienne, on fait pourtant des gorges chaudes de l’indépendance de la justice.
Quant au gouvernement, du moins du côté de la Défense, il disait en off il y a quelques mois que le Hamas devait comprendre que son intervention dans les affaires du voisin égyptien ne pourrait rester impuni. L’intervention incriminée aurait été un soutien (quelle forme prenait ce soutien, le discours restait vague) aux Frères musulmans en Egypte.

« Le point de passage de Rafah n’est pas prévu pour les marchandises mais seulement pour les personnes. C’est de la responsabilité d’Israël qui est la puissance d’occupation de fournir les biens et les services par l’intermédiaire des quatre autres points de passage à la frontière », Badr Abdel Atty.
« Nous ne nous occupons pas des affaires intérieures du peuple palestinien, Gaza et le Hamas sont des parts intégrales du peuple palestinien, mais nous devons empêcher quiconque d’interférer sur notre territoire. Nous menons une guerre contre le terrorisme, et nous devons faire notre possible pour protéger notre sécurité intérieure. »

Les autorités israéliennes ont autorisé certains des cas médicaux les plus graves à être transférés en Israël plutôt qu’en Egypte. Mais avec une reprise des hostilités et des échanges de tirs de roquettes et de frappes aériennes, depuis le 11 mars, quand les forces israéliennes ont tué trois membres d’un groupe palestinien armé qui aurait été sur le point de faire feu, ISraël a fermé le point de passage d’Eretz.

« Le Jihad n’est pas du terrorisme »

Du côté du Hamas, son leader Ismaïl Haniyeh demande la « fin de cette punition contre les habitants de Gaza », mais continue à dire que l’Egypte est un « pays frère, ami et voisin ». Dans un meeting organisé dimanche dernier pour célébrer les « martyrs » du Hamas, figuraient parmi les slogans l’affirmation – à destination du grand voisin- « le jihad n’est pas du terrorisme ». Le Hamas veut insister et faire savoir que son ennemi est à l’ouest, Israël, et que la politique intérieure du voisin égyptien leur importe peu pourvu qu’il soutienne le combat palestinien- c’est du moins la position officielle.

Israa al-Mudallal, porte-parole du gouvernement de la bande de Gaza, dénonce la « punition collective. Personne d’autre ne peut nous aider autant que l’Egypte, à cause des liens culturels, historiques etc. Nous n’avons pas notre mot à dire sur la politique intérieure de l’Egypte, el peuple est souverain, même s’il choisit Sissi, nous n’avons rien à dire. Nous n’intervenons pas dans les affaires de l’Egypte, pourquoi interient-elle dans les nôtres? Et d’ailleurs même si les Frères musulmans et le Hamas ont un message similaire, ce n’est pas la même chose. Même si le Hamas a fait quelque chose à l’Egypte, ce n’est pas une raison pour prendre des mesures de rétorsion contre un peuple entier.
Les hôpitaux manquent de beaucoup de choses, les gens ne peuvent pas sortir depuis plus d’un mois, la frontière n’est ouverte que quelques malheureux jours et pour un tout petit nombre de personnes à chaque fois. »

Selon les données des Nations Unies, l’année dernière plus de 9000 personnes (vers et en-dehors de Gaza) traversaient le point de passage de Rafah en moyenne par semaine, cette année elles étaient en moyenne moins de 1500.

Le ministre de la Santé de Gaza a annoncé que le territoire manque de 30% de ses besoins en matériel pour les hôpitaux, à cause de la réaction égyptienne. Selon le OCHA, 300 machines des hôpitaux gazaouis ont cessé de fonctionner à cause du manque d’électricité. L’Egypte n’est pourtant pas le plus grand fournisseur d’électricité: d’après les données des Nations Unies, le plus gros est acheté à Israël, une portion importante produite par la centrale de Gaza et une petite partie achetée à l’Egypte. Mais la fermeture de la frontière avec l’Egypte et la destruction des tunnels empêche le fuel d’attendre Gaza, et le fuel comptait pour une grande partie de la consommation énergétique du territoire – utilisé même par la centrale électrique.
Gaza dit manquer encore davantage de biens de première nécessité et surtout de sources d’énergie. Il n’y a très souvent que douze heures d’électricité et d’eau courante par jour dans l’enclave ces jours-ci, et même plusieurs fois en mars, seulement six heures. Gaza nageait dans les eaux d’égout à la fin de l’année dernière à cause de l’absence d’énergie pour faire marcher les pompes et de la tempête hivernale qui a frappé cette région du Moyen-Orient.

« La décision judiciaire de l’Egypte contre le Hamas est négative pour l’image de l’Egypte et son rôle dans le soutien de la cause palestinienne, car s’en prendre au Hamas revient à s’en prendre à la résistance palestinienne », dit Sami Abu Zuhri, un porte -parole du Hamas.

En août 2012, l’Egypte avait perdu 16 soldats dans l’attaque d’un poste-frontière. Des hommes armés avaient saisi un véhicule égyptien blindé pour atatquer le point de passage de Kerem Shalom à l’intersection des frontières de Gaza, de l’Égypte et d’Israël. Les Israéliens ont arrêté l’attaque avant que la frontière ne soit traversée et ont fait aussi barrage à un deuxième véhicule transportant une demi-tonne d’explosif. Sous l’année de présidence de Mohamed Morsi, la péninsule n’avait pas connu d’autre explosion de violence mais depuis l’été dernier les attaques des forces de sécurité égyptiennes (et du pipeline transportant le gaz dorénavant non plus vers la Jordanie et Israël mais seulement la Jordanie) ont repris.


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